Airport

120x190cm / huile sur toile

 

Ils vont, ils viennent de par le monde,

Et se frôlent dans la ronde,

Entre deux ailes ils se reposent,

C’est alors l’heure de la pause.   

 

À quoi pensent-ils de tout leur être ?

À la guerre au rez-de-chaussée,

À la porte peut être fermée,

À la douleur qui se dissipe,

À leurs enfants émancipés,

À la brume qui s’évapore,

À un homme bleu dans le désert,

À la promesse d’une autre vie,

À l’aube de ton soleil,

À la douceur de ton corps ? 

 

Tu vas, tu viens de par le monde,

Et tes yeux avenants inondent,

D’une apaisante couleur de feu,

La nef enfumée de tes vœux. 

 

Au moins rêves-tu en d’autres mots ?

Aux douaniers amadoués,

Aux sandwichs mal embouchés,

Aux pantoufles de ton chien,

Aux grenouilles unijambistes,

Aux Pères Noëls et leurs traineaux,

Aux Dieux, providence apeurée,

Aux fantômes d’un vergé dénudé,

Au zipper coincé sur ma lèvre,

Aux ardeurs de mon cœur ?

 

Je vais-je viens de par le monde,

Et te croise dans l’escalier,

Alors je colle sans à propos,

Une affiche en ton égo ! 

 

Songes-tu de moi dans l’autre toi ?

À une nymphe à peau ridée,

Au mannequin gaulé chez Dior,

À une mère aux seins pointés,

Au cœur greffé sans son visage,

À une servante éphèbe hellène,

Au marin sans son breuvage,

À Pablo, César, Amadeo,

Au regard qui se méprend,

À cette main que tu me tends ?

 

Claude René Tarrit